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Le talon de ferOverlay E-Book Reader

Le talon de fer

Jack London

E-Book (EPUB)
2015 Booklassic
160 Seiten
Sprache: Francais
ISBN: 978-963-525-748-5

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€ 0,88

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Le Talon de fer (The Iron Heel) est un roman de Jack London paru en 1908. C'est une contre-utopie sur la montée d'une tyrannie fasciste aux États-Unis.

Le Talon de fer décrit une insurrection qui serait arrivée entre 1914 et 1918, et analysée par un observateur du XXVIIe siecle. L'auteur relate le développement de la classe ouvriere nord-américaine et ses combats contre l'oligarchie, a travers le point de vue d'Avis Everhard, jeune fille de famille riche devenue amoureuse d'Ernest, un socialiste qui devient leader des révoltés.

Plusieurs éditions de l'ouvrage sont préfacées par une lettre de Léon Trotsky, adressée en 1937 a la fille de l'auteur.


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2. - Les défis

À peine les invités partis, mon père se laissa tomber dans un fauteuil et s'abandonna aux éclats d'une gaîté pantagruélique. Jamais, depuis la mort de ma mère, je ne l'avais entendu rire de si bon coeur.

- Je parierais bien que le Dr Hammerfield n'avait encore rien affronté de pareil de sa vie - dit-il entre deux accès. - La courtoisie des controverses ecclésiastiques ! As-tu remarqué qu'il a commencé comme un agneau - c'est d'Everhard que je parle - pour se muer tout à coup en un lion rugissant ? C'est un esprit magnifiquement discipliné. Il aurait fait un savant de premier ordre si son énergie eût été orientée dans ce sens.

Ai-je besoin d'avouer qu'Ernest Everhard m'intéressait profondément, non seulement par ce qu'il avait pu dire ou par sa façon de le dire, mais par lui-même, comme homme ? Je n'en avais jamais rencontré de semblable, et c'est pourquoi, je suppose, malgré mes vingt-quatre ans sonnés, je n'étais pas encore mariée. En tout cas, je dus m'avouer qu'il me plaisait, et que ma sympathie reposait sur autre chose que son intelligence dans la discussion. En dépit de ses biceps, de sa poitrine de boxeur, il me faisait l'effet d'un garçon candide. Sous son déguisement de fanfaron intellectuel je devinais un esprit délicat et sensitif. Ses impressions m'étaient transmises par des voies que je ne puis définir autrement que comme mes intuitions féminines.

Il y avait dans son appel de clairon quelque chose qui m'était allé au coeur. Je croyais encore l'entendre et je désirais l'entendre de nouveau. J'aurais eu plaisir à revoir dans ses yeux cet éclair de gaîté qui démentait le sérieux impassible de son visage. D'autres sentiments vagues mais plus profonds remuaient en moi. Déjà je l'aimais presque. Pourtant, si je ne l'avais jamais revu, je suppose que ces sentiments imprécis se seraient effacés et que je l'aurais oublié assez facilement.

Mais ce n'était pas ma destinée de ne jamais le revoir. L'intérêt que mon père éprouvait depuis peu pour la sociologie et les dîners qu'il donnait régulièrement, excluaient cette éventualité. Père n'était pas un sociologue : sa spécialité scientifique était la physique, et ses recherches dans cette branche avaient été fructueuses. Son mariage l'avait rendu parfaitement heureux. Mais, après la mort de ma mère, ses travaux ne purent combler le vide. Il s'occupa de philosophie avec un intérêt d'abord mitigé, puis grandissant de jour en jour : il fut entraîné vers l'économie politique et la science sociale, et comme il possédait un vif sentiment de justice, il ne tarda pas à se passionner pour le redressement des torts. Je notai avec gratitude ces indices d'un intérêt renaissant à la vie, sans me douter où la nôtre allait être menée. Lui, avec l'enthousiasme d'un adolescent, plongea tête baissée dans ses nouvelles recherches, sans s'inquiéter le moins du monde où elles aboutiraient.

Habitué de longue date au laboratoire, il fit de sa salle à manger un laboratoire social. Des gens de toutes sortes et de toutes conditions s'y trouvèrent réunis, savants, politiciens, banquiers, commerçants, professeurs, chefs travaillistes, socialistes et anarchistes. Il les poussait à discuter entre eux, puis analysait leurs idées sur la vie et sur la société.

Il avait fait la connaissance d'Ernest peu de temps avant " le soir des prédicants ". Après le départ des convives, il me raconta comment il l'avait rencontré. Un soir, dans une rue, il s'était arrêté pour écouter un homme qui, juché sur une caisse à savon, discourait devant un groupe d'ouvriers. C'était Ernest. Hautement prisé dans les conseils du parti socialiste, il était considéré comme un de ses chefs, et reconnu pour tel dans la philosophie du socialisme. Possédant le don de présenter en langage simple et clair les questions les plus abstraites, cet éducateur de naissance ne croyait pas déchoir en